vendredi 29 avril 2011

Six personnages en quête d'auteur suivi de La volupté de l'honneur - Pirandello

Une personne qui m'est chère m'a conseillé il y a longtemps de lire Pirandello. Comme j'ai toute confiance dans son jugement, j'ai fini par le faire. Pourtant, pour des raisons extérieures la lecture a été plutôt décousue. Je n'ai plus trop l'occasion  de lire en ce moment et encore moins de réfléchir à ce que je lis. Malgré tout je vais essayer de ratraper mon retard :


Le bouquin était composé de deux pièces qui n'ont pas grand chose à voir. La première est de loin la plus connue, puisqu'il s'agit de "Six personnages en quête d'auteur", qui pour certains n'a  fait rien de moins que révolutionner le théâtre. Comme le titre l'indique, les personnages en question sont à la recherche d'un auteur pour écrire le drame dont ils font partie. Tout est là : intrigue, scènes, répliques... Il ne manque qu'une bonne volonté pour tout mettre en ordre, ce que va se charger de faire le directeur d'un théâtre dont ils viennent perturber la répétition. Pour l'aider les personnages vont "rejouer" les scènes devant lui, qu'il se contentera alors de transcrire. Oui mais voilà, les personnages, contrairement au acteurs, ne font pas du théâtre. Ils ne font pas non plus semblant d'avoir des sentiments. Ils vivent réellement les situations et quand un comédien se charge de répéter la scène, cela produit un effet tout à fait différent... Mine de rien avec cette pièce, Pirandello interroge le théâtre en profondeur. Elle vaut la peine d'être lue, mais c'est sur scène qu'elle doit donner pleinement son potentiel. Comment un comédien peut il jouer un personnage, qui se défend d'être un comédien ? Et un comédien, jouer un comédien qui joue un personnage ? Et le metteur en scène dans tout ça ? Et l'écrivain ?

Extrait de "Six personnages en quête d'auteur" :

LE PERE
Je comprends très bien, monsieur. Mais je devine peut-être aussi pourquoi notre auteur, qui nous voyait vivants et tels que nous sommes, n'a pas voulu écrire son drame. Je ne voulais pas offenser vos artistes, Dieu m'en garde ! Mais je pense qu'en me voyant maintenant représenté... par je ne sais qui...

LE GRAND PREMIER RÔLE, avec hauteur
Par moi, si cela ne vous fait rien.

LE PERE, humble mieilleux, saluant.
Très honoré, monsieur... Oui, voici, je pense que quelle que soit la bonne volonté et l'art total qu'apportera monsieur à m'accueillir en lui...

LE GRAND PREMIER RÔLE
Total, qu'est-ce à dire, retirez ! retirez !

LE PERE
La représentation qu'il donnera de moi, même en s'afforçant par son grimage de me ressembler...

LE GRAND PREMIER RÔLE
Ce sera assez difficile !

Les acteurs rient.

LE PERE
Précisément, il sera difficile que vous donniez de moi une représentation qui me montre tel que je suis. Il s'agit moins du visage que de la façon dont vous interpréterez mes manières d'être, la façon dont vous me sentirez, et qui ne sera pas du tout la façon dont je me sens moi-même. Et il me semble que les gens qui sont appelés à nous juger devraient tenir compte de cela...

La pièce suivante, "La volupté de l'honneur", parait en comparaison assez décevante. Ce n'est pas qu'elle soit désagréable à lire, car le style de l'auteur y est reconnaissable. Le propos par contre me semble beaucoup moins intéressant. Un homme marié met enceinte une jeune fille. Pour garder les conventions, on se charge de trouver un honnête homme, à qui on a préalablement expliqué la situation et qui se charge d'être à la fois un mari pour la dame et un père pour l'enfant. A partir de là surviennent quelques renversements de situation. Cette pièce morale et philosohpique se perd en bavardages inutiles qui ont peiné à garder toute mon attention.

Notes :
Six personnages en quête d'auteur : 4/5
La volupté de l'honneur : 2/5